LE PROJET

Nous produisons et transformons des « Petits fruits rouges », Ô comme ils disent ! Mais en fait…

  • Petits certes par la taille mais immenses de par leurs qualités, principalement gustatives et génératrices de moments de satisfaction intense ! Bref, des usines à Kiff.
  • Rouges, souvent qualifiés ainsi alors qu’évoluant sur des longueurs d’ondes de 380 à 450 nm ou de 620 à 670 nm, lorsque l’on peut en mesurer une : brefs ils sont violets, rouges ou noirs, voire verts lorsque pas murs !

Sur le verger, nous récoltons principalement des myrtilles, des framboises en moins grande quantité, et de façon plus confidentielle des cassis, des groseilles et de la rhubarbe. Enfin ça, c’est le plan, car la réalité peut être plus…enfin moins…bref on si vous êtes adeptes d’Edgar Morin et de son travail sur l’incertitude, et bien ici on est au cœur du sujet !

Petite intro sur LE MYRTILLIER (Attention, la culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale !)

Donc,

Le myrtillier appartient au GENRE Vaccinium, ORDRE des Ericales et FAMILLE des Ericacées. Celle-ci comprend un grand nombre d’espèces différentes. Le nom générique de « myrtille » vient de la myrtille sauvage « Vaccinum Myrtillum » qui pousse naturellement sur les massifs montagneux de l’Est jusqu’aux Alpes et dans le Massif Central. Par ressemblance, myrtille est devenu le terme générique qui regroupe les espèces botaniques de la famille des Vaccinum à baies bleues.

Les bleuets (Nom communément mais arbitrairement donné par extension aux cultivars autres que Vaccinum Myrtillum) sont originaires d’Amérique du Nord. Ses principaux producteurs mondiaux sont les États-Unis et le Canada.

Ainsi, la myrtille qui est cultivée (et nommée ainsi) dans nos vergers français est originaire du continent Nord-américain. Il s’agit d’une espèce cousine de la myrtille d’Europe. Les botanistes la nomment Vaccinium Corymbosum car ses fruits poussent sur des petites grappes, les corymbes. On l’appelle aussi myrtille arbustive car la plante peut atteindre jusqu’à 2 mètres de haut au stade adulte.

Au début du 19ème siècle, Frédéric Coville (botaniste américain) a sélectionné cette espèce de myrtilles (la Coville) pour créer des variétés plus faciles à cultiver. Les premières cultures en Amérique du Nord sont réalisées vers 1920. Son introduction en Europe (Allemagne) date de 1934, puis sa culture s’est développée en Pologne, en Allemagne et en Espagne. En France, après quelques essais, c’est à partir de 1985 qu’elle se développe.

Dans les régions méditerranéennes et en Afrique du Nord, les quantités produites sont très faibles mais la superficie de myrtilliers a augmenté considérablement depuis 2005. En 2012, le principal producteur de myrtilles était le Maroc.

En France, seulement 10 à 15% de ce que nous consommons est produit sur le territoire. Le reste vient, par ordre croissant de volume importé et de bilan carbone, d’Espagne, d’Europe du Nord et de l’Est, du Maroc, d’Amérique du Nord (USA, canada), D’Amérique du Sud (Chili, Argentine, Pérou…) et de Chine. Quant à la qualité des méthodes culturales utilisées, il y a partout des agriculteurs qui font attention au bien commun, et d’autres moins attentionnés, mais lorsqu’environ 9 700 tonnes de myrtilles sont produites pour être exportées vers France, alors que ne sont produites que 2 000 tonnes sur le territoire national, on peut donc raisonnablement penser que…mais chut, il ne faut pas le dire, c’est qu’il faut les défendre les accords multilatéraux, non ?

Outre cela, ce qui m’intéresse dans cette aventure repose sur la nature même du fruit et ses qualités, ses multiples saveurs, ses qualités de conservations, ses multiples transformations envisageables, ses propriétés en lien avec la santé et le bien-être (mais on aura l’occasion d’échanger autour de ça, car là le marketing a pris la main, parfois au-delà du raisonnable!), le lien social potentiel autour de sa culture, potentialisé par le mode cultural envisagé.

Anamnèse du projet
(ou Une petite histoire personnelle égocentrée dont tout le monde devrait se foutre !)

Il s’agit au départ d’une histoire banale de perte de sens dans ma précédente activité professionnelle, de perte d’estime et de confiance en moi, de perte de repères dans une société ou tout va trop vite, ou les valeurs (celles reconnues comme socialement acceptables et positives fondatrices de la relation à l’autre) et la vertu sont diluées dans un maelstrom économique, financier et règlementaire qui guide nos vies, nous individualisent, divisent les sociétés et les Hommes, et nous ôtent notre humanité.

Il s’agit de la chronique d’un naufrage annoncé, le mien, mais qui, fort des nombreux soutiens dont j’ai eu la chance de bénéficier, n’a pas eu lieu.

Il s’agit d’une histoire heureuse de survivance, de résilience et de bienveillance intrafamiliale tout d’abord, mais aussi de rencontres, belles et moins belles, fortes souvent, vécues intensément en tout cas – même si trop fréquemment éphémères – et qui pour beaucoup ont posé les bases de mon humanité retrouvée.

Il s’agit d’une histoire de résurrection, dans son assertion purement humaine et sociale, dénuée de toute connotation religieuse.

Enfin, ce projet est la continuation d’une quête du « Bonheur », en sa qualité épicurienne et non uniquement hédoniste, un bonheur dans une dimension de réalisation de soi au travers de la manière d’habiter le monde et les autres.

Ce projet pose « la seule vraie question » qui m’importe et guide en partie mes réflexions : Peut-on se réaliser, tendre vers le bonheur, seul ? Ou se réaliser nécessite-t-il forcément de se considérer dans son environnement ? Fait-on notre bonheur seul ou sont-ce nos interactions avec notre écosystème qui nous permettent une hypothétique accession au bonheur ? Le bonheur est-il égoïste ou résulte-t-il de la capacité d’une société, d’une communauté, d’un groupe à créer les conditions nécessaires dont chacun peut se saisir pour créer son propre bonheur ?…

Le philosophe, le sociologue, le physicien, le mathématicien, l’astronome, l’historien, le politique … apportent des pistes de réflexion.

J’ai mon idée, assise sur un socle universitaire autodidacte, mais étayée de rencontres, échanges, débats, autant autour des livres que des pensées et avis recueillis lors de conversations de fin de soirée, de comptoir (parfois ce sont les mêmes !) de repas, d’étudiant sur le tard prêt à refaire le monde, sur les marchés…

Refaire le monde… non, ce n’est pas un projet anarchiste ! Alors disons plutôt « Repenser le Monde » plus que de le refaire, et repenser notre relation à l’Autre.

Au travers d’une nouvelle activité, que je voulais nourricière, je souhaite participer au débat de fond, incluant cette relation à l’autre, quel qu’il soit, et à l’environnement, micro et macro.

Comment nourrir la population d’une planète (tout en tenant compte de la dimension hédoniste) sans pour autant la détériorer ? Comment participer à protéger notre environnement et l’ensemble des habitants de cette planète ? Comment ne pas devenir une entité surconsommatrice d’énergie de plus qui va hypothéquer l’avenir de nos enfants à (très) moyen terme, et celui des populations les plus précaires/pauvres dans un avenir immédiat ?

Comment ne plus faire partie uniquement du problème mais enfin participer à la solution ?

Je veux ce projet humain, social, pertinent dans la dimension sociétale, évocateur de « petits bonheurs au quotidien », autant que responsable écologiquement et générateur de débat et de questionnement.

Ce projet n’est pas parfait, il n’est pas « bon » non plus, mais il est le mien, le nôtre, a le mérite d’exister et est mené dans le sens du respect et de la considération des autres et de la planète que l’on occupe ensemble. J’espère juste pouvoir au travers de celui-ci rendre un peu de ce que j’ai eu la chance de recevoir…et pas uniquement financièrement !

Alors merci à Nathalie, Aurore, Lucie, qui m’ont soutenu envers et contre tout, quels durs que furent les temps, y compris et surtout lorsque face au précipice, je pensais que seul un grand pas en avant pourrait me permettre d’avancer. Merci donc à elles de m’accepter comme membre de leur famille, et de faire de notre foyer, aussi éclaté soit-il, un repaire et un repère !

Merci à toutes ces personnes amicales et bienveillantes, rencontrées dans un cadre professionnel ou non, croisées furtivement, parfois virtuellement seulement, mais qui ont, par leurs actions, leur détermination, leur dévouement, leur écoute ou simplement parce qu’elles ont été là, rendu possible le présent, et la reprise du verger.

Alors merci Karen, Véronique, Martial, Michèle, Maryline… pour leur accompagnement et implication.

Merci à toutes celles et ceux qui m’ont permis de me (re)construire et m’ont soutenu aussi dans les temps les plus durs, parfois reculés de ma jeunesse maintenant déchue ! Merci Jean-Marc, Christelle, Gaëlle, Jérôme, Olivier, Marie-Christine, Céline, Jessica… même si je ne vous côtoie plus pour des raisons géographiques ou liées à nos vies et opinions respectives, merci à Sophie (Sur un malentendu, qui partage mes idées sur le bonheur, et les développe bien au-delà, Biz !), Léonie, Carole et Sophie !!!

Petit coup de gueule ! (Quand même !)

Si je remercie toutes ces personnes, et toutes celles que je n’ai pas nommées, c’est avant tout pour rétablir une vérité : ce sont elles les vrais instigatrices et « héroïnes » de ce projet !

Je m’entends souvent dire : « c’est courageux », « waouh, trop fort d’avoir le courage de faire ça ! »… NOOOON, c’est juste EGOÏSTE ! J’ai mis en place les conditions pour réaliser MON projet, ce qui est trop fort ici, c’est l’engagement de toutes ces personnes qui m’ont aidées sans même parfois avoir ou attendre de retour ! Alors ici, « … Je veux leur rendre hommage, … » Respects à toutes et tous, et encore merci ! (J’espère que vous vous reconnaitrez, et que nous pourrons nous revoir).

©JCChampeau
©JCChampeau
©JCChampeau

Pourquoi un verger de myrtilles ?

Durant ma formation, j’ai voulu m’installer en maraîchage bio sur petite surface et sol vivant dans le Gard. J’y ai rencontré plusieurs inconnues et difficultés dont principalement :

  • Accession au foncier
  • Disponibilité en eau à 5 ans
  • Somme des connaissances à acquérir et temps d’implantation du jardin qui deviennent incompatibles avec mon statut de papiculteur ! car clairement, le jour où j’aurais été au top concernant les assolements ou itinéraires techniques, l’heure de la retraite aurait sonné !!! Même si le déambulateur peut être pratique pour repiquer les salades.

Et durant ma formation, un des profs (Sieur Thomas) m’a murmuré à l’oreille « Petits fruits », et l’idée a fait son chemin. J’ai cherché à créer, puis à reprendre un verger. D’abord en Ardèche, puis en Lozère ou en Ariège, pour enfin concrétiser en Creuse, où un verger était à la reprise, et dont les propriétaires et créateurs avaient pris soin 40 ans durant pour me le remettre aujourd’hui.

Et puis il y a eu la découverte, car j’ai découvert les myrtilles en août 2022, en visitant ce verger en période de production. Tout était là pour que je craque : soleil – fruits – envie. Ce fût une révélation, tout d’abord le cadre et l’environnement, puis le verger, et enfin les fruits, mélange de saveurs, textures, sensations… exceptionnelles qui m’étaient inconnues auparavant.

Comme j’ai coutume de dire, et même si c’est illogique : j’ai visité, j’ai goûté, j’ai acheté (« Veni  gustavi emi » , pour paraphraser Big Jules !). Bref, j’ai fait un achat compulsif !!!!

Pourquoi Verger Punk ?

Et pourquoi pas ? En fait, surtout pour l’AVENIR ! Et parce que la notion de Verger Nature me semblait par trop polissée.

Cela va dans le sens et la continuité de ma formation au maraichage en agriculture biologique, orientée vers des modes culturaux respectueux de l’Environnement et des Hommes, exacerbé en cela lors de mes stages chez celle que je considère comme ma mentore et dont j’espère qu’elle l’accepte : Carole, créatrice de « La Ferme de Redonne » dans le Gard.

Là, j’y ai appris, (même si j’en avais quelques notions tout de même) que l’on peut cultiver sans raser ou désertifier, et même que l’on peut créer de la biodiversité à partir de rien (je trouve une grenouille, Hop, je lui crée une mare !), que l’on peut avoir des légumes autrement qu’en monoculture, et surtout sans maltraiter la Terre et ce qui vit dans son Jardin (comme elle nomme son lopin de terre) tant mécaniquement que chimiquement… mais cela demande des efforts, de l’abnégation, de la persévérance, de l’Amour pour la Terre et ce que l’on fait, mais aussi et surtout pour ceux à qui est destinée la production (même si parfois…mais bon !)

Là, j’y ai appris qu’un beau jardin n’est pas forcément taillé à la serpe, au carré, fignolé…

Fort de cette expérience, j’ai visité d’autres exploitations sur lesquelles il était choisi de minimiser le travail du sol, sur lesquelles la maîtrise de l’enherbement était réduite à sa plus simple expression afin de favoriser la biodiversité.

Puis j’ai découvert le travail d’Éric LENOIR, au travers de son « Grand traité du jardin Punk », Jean Martin Fortier et sa méthode, Vivre avec la Terre de Perrine et Charles HERVE-GRUYER ou encore ce magnifique livre que m’offert Carole sur le thème de  « La forêt jardin »

Ces expériences et découvertes ont développé cette certitude que conserver ce côté « subversif » (qui ne l’est absolument pas), non conventionnel, était la voie à suivre, orientation partagée par Lucie, ma fille, qui travaille avec moi, et qui a concouru à forger mes convictions, car si l’on peut dire, « nous sommes agriculteurs de fille en père » dans la famille ! Et ce depuis 2022 !! (Je mens, elle est dans le secteur depuis ses 14 ans)

Ensemble, nous souhaitons aller plus loin encore, et travailler sur la limitation des besoins en eau, sur la réduction de la mécanisation en réhabilitant la traction animale, sur l’adaptation du verger aux conditions climatiques, sur la valorisation des productions afin de limiter la zone de chalandise à un secteur de proximité, sur la favorisation du locavorisme, sur la mise en place de zones de biodiversité au sein du verger, sur la diversification… sur la dimension sociale aussi à l’avenir.

Ensemble, nous souhaitons promouvoir une agriculture dénuée d’intrants chimiques qui s’adaptera à l’environnement et non l’inverse, faire découvrir aux locaux et touristes notre exploitation et nos méthodes en ouvrant le verger.

Et quitte à l’ouvrir (le verger bien sûr !), autant qu’il soit beau ! Mais là encore, la beauté est une notion tout à fait subjective !!! Alors venez vous faire votre propre idée.

Dans tous les cas, ne taillons que ce qui a besoin d’être taillé, ne coupons que ce qui doit l’être, ne rasons que ce qui doit l’être (ou pas) !

L’ouverture à la dimension « Punk » relève autant d’une forme d’anticonformisme que de militantisme et de conviction politique, et marque le refus d’une agriculture industrialisée asservissant et vassalisant les Hommes à la technologie, une agriculture au service du productivisme et dont nous refusons la financiarisation. Elle (la Punkitude) défend une agriculture industrieuse respectueuse de son écosystème. Le travail et la productivité non comme finalité en soi, mais au service du bien-commun et comme outil d’émancipation, de réalisation de soi et d’accession au bonheur.

©JCChampeau
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